Retour à Yazuac

Yazuac... Ville austère, s'il en était, prise dans une éternelle mélancolie, une Cité-Souvenir d'un massacre vieux d'une décénie... Pour Nourth Djirk, c'était surtout une honte à la fierté de son peuple, mais aussi le lieu où les Ombres étaient venues... Pourquoi y était-elle retournée? A quoi cela servait-il? Pourquoi aller là où personne ne veut d'elle?
Elle avait envie d'affronter ses angoisses, c'est tout, un pélerinage au fond, sur un lieu souillé auquel elle doit demander pardon au nom des siens...
La capuche rabattue sur la tête, l'Urgale flânait dans les rues vides du village, appréciant l'athmosphère chaude qui accompagnait la douceur du soleil en ce jour... On était bien loin de la fraîcheur humide de la Crète! Ce temps, en fait, lui rappelait le sable doré d'Hadarac... Une adolescence dans un désert, ça ne s'oublie pas!
Le Désert, le Refuge... Comment s'en sortaient les autres? Sa famille? Solaufein? Etaient-ils fiers d'elle ou la prenaient-ils pour une folle? Oh, s'il n'y avait pas eu Diabolus et son père, quelle vie paisible elle aurait pu mener, dans les Montagnes de Beor! Elle serait devenue Erudite, comme ses parents, elle aurait conseillé le Clan, et tout le monde serait content... Combien de massacres n'auraient pas eu lieu sans cet homme? Combien de gens seraient encore debout, à s'occuper de leur descendance? Combien de vies brisées pour si peu de choses?
Perdues dans ses pensées et ses malédictions à l'infâme Tyran et son père, Nourth ne remarqua qu'au dernier moment que ses pas la menaient à la Grande Place... Entendant un étrange brouhaha, l'Urgale leva les yeux vers la cinquantaine de personnes qui s'y étaient rassemblées, semblant se pousser pour pour voir... quelque chose, mais elle ne savait pas voir quoi que ce soit de là où elle était.
C'était donc pour ça que les rues étaient vides? Mais que pouvait donc bien attiré tout un village en un seul endroit? Que c'était-il passé?
Prise de curiosité, l'Urgale se mit à jouer des coudes, tout en veillant bien à garder sa capuche sur son visage...

L'Urgale se raidit d'un seul coup, comme pétrifiée par les paroles de l'Humain... Si on pouvait encore appeler "Humain" une ordure de cette envergure!
A chaque parole qu'il prononçait, à chaque insulte à sa Race, elle sentait son corps trembler un peu plus, de rage, d'indignation... Comment osait-il! Quel idiot pourrait vendre un Urgal pour "faire la vaisselle"? A côté de ce monstre, Diabolus et son maudit père passeraient pour des enfants de coeur...
Passant son regard sur la "Marchandise", Nourth du serrer la mâchoire pour ne pas hurler sa colère... Tous ces pauvres gens... SES gens! Et parmi eux une femelle enceinte... Comment osait-il? La vendre, en vanter les mérites... Ca dépassait sa compréhension!
Tous de Hadarac... Hadarac?
Non, ce ne pouvait pas être...
De là où elle était, elle ne pouvait distinguer les traits de ses frères de race, elle ne pouvait savoir si... Non, non ce serait trop cruel!
Des milliers de scénarii défilaient dans sa tête, se choquant et s'entrechoquant à l'infini... Et parmi toutes celles-ci, une lui donnait l'envie de vomir.
Et si... Et si c'était les siens?
Oui bien sur ils faisaient partie de la même Race, ça ne faisait aucun doute, mais s'ils étaient plus proches d'elle qu'elle ne le voudrait? Et si c'était ses frères, ses soeurs, ses parents, ses oncles, ses cousins? Et si... Et si la petite communauté de réfugiés en plein coeur d'Hadarac avait été prise d'assaut par ces monstres?
Cette pensée la révoltait, mais pourtant elle restait tout à fait possible... Elle devait en avoir le coeur net!
Elle devait s'approcher... Coûte que coûte!

L'homme continue de crier, pour vendre sa marchandise. Beaucoup de gens rigolent, haussent les épaules ou sourient en se disant qu'ils aimeraient bien, eux aussi, avoir un esclave rien que pour eux... Alors ils pensent que pour un Urgal vendu de plus ou de moins, ils pouvaient bien s'en acheter un, non ?

"Ah, messieurs dames, n'hésitez pas, ils sont là rien que pour vous ! Mais... heu... Ma... dame ? Vous... vous en voulez un ?"

L'homme s'adresse à vous. Il ne sait pas comment vous appeler, car votre silhouette ne ressemble pas franchement à celle d'une dame de la ville. Il essaye de voir votre visage, mais au bout d'un moment, il abandonne. Il affiche un grand sourire, attendant que vous lui répondiez.

Ses poings serrés comme ils ne l'avaient jamais été, l'Urgale luttait de toute son âme pour ne pas sortir son arme pour égorger le monstre qui osait lui demander si elle voulait l'un de ces... l'un de ces fiers habitants du Désert déchus de leur droit...
Vous en voulez un? A l'entendre, on aurait dit qu'il parlait d'un cheval... Mais ce ne sont pas des animaux! Ils parlent, ils pensent, et ils savent même le maudire!
Il affiche un grand sourire, comme si ça la pousserait à lui pardonner son crime... Au contraire, voir ces dents aussi sales que ses actions augmentait la rage qui bouillonait en elle...
Ce sourire, les gens autour d'elle qui cherchaient dans leur bourse, son corps tremblant de rage, ces pauvres prisonnier, le sourire du monstre...
Tout d'un coup elle se lâcha, au diable les bonnes mannières!

"Pousse-toi de là, Drajl!" hurla-t-elle en envoyant valser le vendeur, prise d'une passion indescriptible.

Emportée par sa folie, Nourth courut voir les esclaves de plus près, elle devait voir, elle devait savoir...

[Bon, maintenant si tu pouvais me dire si j'en reconnais ou non, histoire que je puisse réagir en conséquence? Merci ^^]

[Evidemment, j'vais pas te laisser comme ça =)]


Le vendeur valse à plusieurs mètres de là. Les gens de la foule commencent à s'écarter de vous, murmurant entre eux que "ces gens-là devraient être emprisonnés pour comportement dangereux".

Vous vous avancez vers les Urgals prisonniers, vous sentez votre coeur battre à mille à l'heure, vous angoissez. Et si vous y trouvez votre famille ? Quelle sera votre réaction ?

Les Urgals lèvent la tête, se demandant qui provoque cette ombre si grande. Ils ont l'air intimidé, comme s'ils avaient peur que ce soit le marchand, peur qu'il voye qu'ils osent le regarder dans les yeux. Lorsque l'un d'eux croit croiser votre regard, il baisse tout de suite les yeux.

Vous ne reconnaissez personne dans la file d'Urgals. En tous cas, ce ne sont pas des membres de votre famille. Mais ils restent quand même des Urgals. Et vous savez les différencier : et ceux-ci ne viennent pas du Hadarac, ni même des Montagnes du Beor. Ils sont nés et ont été élevés en captivité. Ils n'ont pas le caractère des "vrais" Urgals.

La rage qui l'avait animée jusqu'ici retomba d'un seul coup, non, ce n'était pas ses proches, ni même des Urgals tels qu'elle les a toujours connus, pires que des soldats encore, qui savent au moins rester fiers en combat, ceux-là baissent la tête d'un air piteux quand ils ont le malheur de croiser ses yeux couleur sable...
La peur hante chaque parcelle de leur corps, la peur du fouet, de la punission, ou peut-être est-ce de la privation? Un véritable Urgal ne craint rien ni personne -ou du moins a-t-il assez d'honneur pour le cacher- mais eux... Soumis, ils sont soumis! Leur corps corrompu par une éducation d'indigne servitude, leur esprit brisé au point d'oublier la moindre révolte...
Des esclaves... Oui, ce ne sont que des esclaves, des créatures condamnées à servir, elle ne peut plus rien pour eux, c'est fini, penser les aider c'est comme avoir l'audace de penser combattre un Dragon à main nue...
Presque à regrèt, elle pensa un moment à se détourner, à partir et enfouir ce souvenir maudit au plus profond d'elle-même, quand son regard croisa l'espace d'une seconde celui de la femelle enceinte, et cette vision de cette porteuse de vie qui baissait les yeux devant elle la paralysa totalement dans son geste.
Oui, ces gens étaient perdus, c'était sûr, ils ne vivraient jamais comme un Urgal doit le faire... Mais leurs fils? Ces enfants à naître ne méritaient-ils pas une seconde chance, un espoir, aussi mince soit-il, de retrouver un semblant de liberté?
Ses traits se durcirent à nouveau, aussi vite qu'ils s'étaient décomposés, et une étincelle de rage se mit à briller au fond de ses prunelles tandis qu'elle éclatait d'un rire froid, sans joie aucune.

"Non seulement vous êtes ce que j'appelle un sacré monstre" commença-t-elle d'une voix glaciale, pleine de menace. "Mais vous êtes aussi un fichtre menteur!"

L'ossature d'un plan quelque peu bancal faisait son chemin dans l'esprit de l'Urgale, cet homme ne l'emporterait pas au paradis!

L'homme que vous venez d'insulter rougi. Sa marchandise va perdre toute sa valeur si vous continuez à parler. Il vous regarde, le regard pénétrant. C'est à ce moment là qu'il s'apperçoit que vous n'êtes pas une femme mais une urgale. Il prend peur.

Vous avez vu qu'il vous a reconnu. Il est à terre, vous pouvez très bien lui donner un violent coup d'épée et sauver les urgals qui vous regardent maintenant, une petite lueur d'espoir dans les yeux. Mais si vous faites ça, que va-t-il se passer ? VOus réfléchissez et regardez la foule qui contemple la scène, ne comprenant pas ce qui se passe. Apparement, personne n'a remarqué que vous n'étiez pas une femme.

Un urgal prend la parole :

Nous y sommes pour rien maitre, nous ne connaissons pas cette femme. Ne nous punissez pas

En même temps, l'urgale enceinte tombe à terre et pleure. Elle a mal et si ça continue, elle va accoucher sur scène. Qu'allez vous faire, la laisser là et sauver votre vie après vous être excuser ou tenter de libérer ces urgals qui pourraient vous poignarder dans le dos dès que vous seriez retournée ?